en recherchant Barbara

ainsi donc j'appris par le plus grand des hasards que Barbara était à Laroque

je la cherchai à la fontaine des oiseaux, derrière le vieux moulin,

sur le chemin des caranques, le long du canal d'irrigation parmi la ronde des demoiselles

jusqu'aux vasques creusées par la rivière où il fait si bon se rafraîchir en été

était-elle un livre à la main sous l'ombre d'un figuier

ou dans la fraîcheur des églises devant les dorures d'un retable

je l'ai cherchée parmi les danseurs de sardane

aux terrasses des cafés

n'oubliez pas si vous la rencontrez

de lui parler de la mort des réseaux

chez le vieux Pan

Bon, j'avais l'internet un peu mou du genou ces temps derniers...

je confesse que parfois mon coeur n'est pas à la hauteur

je broie du noir de fumée et je m'en couvre avec application

comme un baume

le dark side j'en ai besoin c'est mon antidote

les plus beaux paysages les traits de l'esprit

je les étouffe dans l'oeuf je nage au pays des ombres

je ne vois que le fracas les blessures

les arbres morts les papiers gras les boutons

mais cela ne dure pas

 

aujourd'hui j'avais le vieux Pan dans la tête

le mythe orphique l'énergie retrouvée

je sautai de rochers en rochers

j'avais le pied léger

chemin faisant, j'ai parlé des vertus comparées des différentes espèces de chênes

avec une anglaise

elle avait les joues rouges et ses mains conservaient un peu de la terre qu'elle avait remué

puis les trois anciens de la côte m'ont affirmé que l'eau dite ferrugineuse de la fontaine minérale

n'était pas bonne pour ma petite anémiée

que c'était n'importe quoi

qu'elle affaiblissait

qu'il valait mieux boire du rouge

du 13°

perte de la profondeur de champ

on appelle ça les entrées maritimes, une des spécialités du Golfe du Lion

le parler local lui préfère le terme plus gouteux de marinade

lequel évoque plus une sauce piquante destinée à accompagner les fruits de mer

que cette brume compacte qui se faufile à gros bouillons par les vallées des Albères

que n'a-t-on pas entendu sur les méfaits réels ou supposés de ce phénomène qui pour l'heure nappe le village

d'apporter l'oïdium de gâter les conserves et les salaisons de faire avorter les bêtes

et d'amener aux hommes les fièvres et les phlegmons

allons, c'est juste une perte de la profondeur de champ

un premier plan se découpe et puis plus rien

tout se brouille se floute

comment reconnaître les siens ?

on convoque Turner et Hokusaî

le ciel est à terre

et chaque regard est une surprise

un ravissement

adiu Lulu

à l'enterrement de Lulu il y avait cinquante centimètres de neige

un bulldozer précédait le corbillard

et ses chenilles ont damé le cimetière jusqu'à la tombe

sûr que ça t'aurais bien fait marrer

à l'enterrement de Lulu la musique à la fin c'était

Time des Pink Floyd et pendant le solo de Gilmour

quelque chose est passé comme un souffle au-dessus des vieilles têtes un fantôme des seventies avec son herbe et ses cheveux longs

conte d'hiver en Mars

tout avait pourtant bien commencé

une qualité de silence exceptionnelle une lumière

plus forte que d'ordinaire à travers les volets

tout comme dans l'arbre qui chante le conte de Bernard Clavel

que j'avais choisi ce matin pour lire à ma fille

et comme dans le livre, la neige tombait doucement à gros flocons

et recouvrait déjà tout

il y était question d'un lapin mécanique qui devenait luthier

et tout allait bien la magie opérait Léa s'est laissée emporter par un petit somme, le poële était rouge de braises

mais la neige n'a pas cessé de tomber et tout s'est arrêté